Le magistrat écologiste Antonio Hodgers démissionne à mi-mandat


07 mai 2025

Le conseiller d'Etat genevois Antonio Hodgers a annoncé mercredi démissionner du gouvernement cantonal, alors que son mandat court jusqu'en 2028. Il quittera ses fonctions cet automne, une fois élue la personne qui lui succédera. En place depuis 2013, le Vert dit "avoir fait son temps".

"Globalement, j'ai accompli l'essentiel des réformes que j'entendais mener au cours de ce troisième mandat" commencé en 2023, a déclaré le magistrat lors d'une conférence de presse, citant notamment le projet de loi climat ou la mise en oeuvre des réseaux thermiques structurants. "Il serait malsain de rester pour rester".

"Cela fait 28 ans que je suis élu par le peuple genevois", a rappelé le conseiller d'Etat de 49 ans. Aujourd'hui, il considère "qu'il est temps de passer à autre chose". Cette démission n'est toutefois pas le résultat d'un coup de tête. Le magistrat a dit y penser depuis plusieurs mois.

La politique isole, a relevé Antonio Hodgers. Le pouvoir, le magistrat le perçoit aujourd'hui plutôt comme un fardeau. "Au bout d'un moment, il faut savoir partir", a-t-il estimé. L'élu écologiste ne voulait surtout pas devenir ce type de politicien "qui se croit indispensable", et faire le "tour de carrousel de trop".

Emu et reconnaissant

C'est un homme pris par l'émotion qui a évoqué son parcours devant les médias. Antonio Hodgers a déclaré avoir "un énorme sentiment de reconnaissance" à l'égard de Genève, canton qui l'a accueilli comme requérant d'asile en 1981, alors qu'il ne parlait pas français, et qui lui a permis de se hisser jusqu'à la présidence du gouvernement.

Interrogé sur sa succession et sur le risque qu'il prenait de démissionner alors que son parti traverse une mauvaise passe, Antonio Hodgers s'est montré confiant. "Je vois mal Genève ne pas avoir un représentant des Vert-e-s au gouvernement", a-t-il estimé. Genève a, selon lui, une fibre écologiste et a toujours été ouverte.

Par ailleurs, Antonio Hodgers s'est amusé de la réputation de "bétonneur" que lui ont collé ses détracteurs. Il a souligné la contradiction de la société genevoise qui vote des lois pour favoriser l'attractivité économique du canton, mais râle quand il faut construire des infrastructures pour les nouveaux arrivants.

Déception

Le Grand Genève est le domaine où Antonio Hodgers nourrit le plus de regrets. "Ce n'est pas un domaine où je peux partir la conscience tranquille, car on est en deçà de ce qu'on pourrait faire", a souligné le magistrat, relevant le dialogue parfois laborieux avec des voisins français à la culture politique différente.

Le conseiller d'Etat est resté évasif sur son futur, une fois la page du gouvernement tournée. "Je ne me vois pas retraité", a-t-il juste indiqué. Il écarte aussi toute ambition politique au niveau fédéral. Le magistrat entend, en revanche, consacrer plus d'attention à ses trois enfants et à son épouse.

Mercredi, le Conseil d'Etat genevois a fixé au dimanche 28 septembre la date du premier tour de l'élection complémentaire qui devra désigner la personne qui occupera le siège laissé vacant par Antonio Hodgers à l'exécutif cantonal. Un éventuel second tour aura lieu le dimanche 19 octobre.

Les Vert-e-s genevois ont réagi dans un communiqué, indiquant prendre acte de la décision de leur magistrat et le remerciant "chaleureusement pour son engagement constant" au service de la population genevoise. Ils estiment que le parti "peut compter sur des personnes compétentes" pour relever les défis de la fonction.